Pourquoi
la Loi espagnole 37/1011, qui rend plus agile les procédures pénales
et civiles est-elle importante?
Vous
avez tous, j'en suis certaine, entendu les plaintes de ce que la
Justice espagnole est lente? En octobre dernier est donc entrée en
vigueur une loi modifiant certains articles des Codes de procédures
criminelle et civile espagnoles. Je n'entrerai pas dans les questions criminelles ni relatives au contencieux-administratif.
Du
point de vue civil, quelques questions sont intéressantes au
profane:
1°
la procédure d'expulsion pour impayé devient plus rapide et
plus économique. Pourquoi? Parce que il n'y aura audience que si le
locataire répond pour se défendre.
Avant
cette modification législative, il y avait toujours audience. Et
souvent le locataire ne se préoccupait pas le moins du monde pour sa
défense, et n'apparaissait pas même devant les tribunaux. Le
propriétaire recevait donc gain de cause (il gagne le jugement) par
contumace du locataire (par le fait de ne pas s'être présenté). Le
soucis était qu'il falle attendre que le juge signale une date
d'audience, puis d'expulsion, et étant donné que le GRAND
soucis des tribunaux espagnols est que les tribunaux sont surchargés,
les dates d'audience pouvaient tarder à être signalée (donner date
et heure d'audience) et étaient parfois donnés 3 à 4 mois plus
tard. Donc une procédure qui doit aller très vite devenait trop
lente que pour que les intérêts du propriétaire lésé soient bien
défendu.
Aujourd'hui,
quels changements? Le locataire doit aujourd'hui se montrer intéressé
et se défendre en accord avec les termes de la loi. S'il ne le fait
pas endéans les 10 jours à la date de notification de la procédure
("demanda de desahucio"), il perd automatiquement ses
droits et devient sujet d'expulsion le jour déjà prévu par le juge
lors de la notification.
Que
veut dire ce charabia légal? Simplifions! Le locataire reçoit
chez lui un document provenant du tribunal. Ce document l'informe
qu'il est sujet d'une procédure d'expulsion, qu'il doit a) soit
quitter le logement dans les 10 jours, b) soit paye la somme due, c)
soit consigner la somme sur un compte bancaire du tribunal, et/ou
encore d) présenter une opposition à la procédure d'expulsion.
Comme le locataire a peu de temps pour agir, il a 3 jours pour
contacter un avocat. Si le locataire ne fait rien endéans ces 10
jours donné pour s'opposer, le secrétaire judiciaire espagnol (plus
connu chez vous sous le nom de "Greffier") décrétera
l'expulsion. Le document informera à la fois de la procédure et son
contenu, de la date d'audience dans le cas où il y en aurait une et
de la date d'expulsion forcée si elle devait avoir lieu.
Tout
ceci fait gagner trois ou quatre mois dans la procédure, mais ne
nous enlève pas le fait que si votre locataire demande un avocat
commis d'office endéans les 3 jours à la réception de la
notification, il dispose encore facilement d'un mois car la procédure
peut être suspendue pendant ce temps.
2°
Les procédures versant sur les impayés dérivés de contrats de
prêts mobiliers, Leasing et autres contrats qui financent des biens
meubles inscrits au Registre des Biens Meubles se simplifient
(procédure dite "verbale" au lieu de la traditionnelle
'ordinaire' qui implique deux audiences). Ceci rend plus rapide ce
genre de procédure et implique une économie importante de la
procédure.
Une
modification tentant de rendre effectif le payement postérieur a été
tentée, mais son application est sujete à de nombreuses critiques.
Je n'entre pas sur la question, j'invite les intéressés à
s'informer sur les sites juridiques officiels espagnols à ses
effets.
3°
Les recours de tout type sont limités afin d'éviter l'abus, mais
aussi afin de limiter les frais de justice lorsque les questions
traitent sur des quantités inférieures.
Vous
constaterez que je n'entre pas sur les débats sociaux et de justice
relatifs à ce paragraphe, qui est très polémique en Espagne.
-
En cas de procédure d'expulsion, aucun recours n'est admis si
vous n'avez pas payé les quantités déclarées dues, ou consigné
les quantité qui devraient être avancées. Donc ceci implique qu'au
fur et à mesure que le temps passe, les sommes mensuelles doivent
être payées ou consignées et la preuve apportée au tribunal, bien
entendu.
-
Dans les procédures versant sure des responsabilités dérivées
de la circulation de véhicules motorisés (responsabilité
civile pour dommages causés par véhicules à moteur), pour pouvoir
présenter un recours d'appel, les sommes totales de la condamnation,
plus les dépends, intérêts et autres devront préalablement être
consignées pour pourvoir présenter la procédure d'appel et voir
celle-ci acceptée par le tribunal. Dans ce cas-ci, il faut tenir
compte également du temps qui passe et des intérêts qui montent et
les consigner.
-
Dans les procédures versant sur des dettes dues à la Communauté
des Propriétaires (Syndic), la même logique s'applique. Sans
payement ou consignation préalable, pas de recours possible.
Mais
alors, comment arrive-t-on à payer ou consigner ses sommes?
-
Soit par des quantités liquides (argent), soit par un aval solidaire
de durée indéfinie, ou autre moyen qui assurerait le payement
effectif mais aussi immédiat. Bien entendu, ces conditions
limitent énormément l'accès au recours. De plus, aux avantages de
la partie qui a "gagné" la procédure en première
instance, ses sommes restent assurées et le "perdant" ne
risque pas de se défaire de ses biens durant la procédure en
deuxième instance.
Et
n'oublions jamais l'aspect sine qua non dans les procédures
judiciaires, il faut prouver par des documents que vous avez payé,
consigné, etc. Sans quoi la sollicitude de procédure tombe à
l'eau.
Plusieurs
aspects procéduriers des différents recours existants sont modifiés
mais ceci sont des questions techniques que cet article ne prétend
pas.
Il
est pourtant important de comprendre que les recours de cassation
sont aujourd'hui plus limités; en effet, lorsque le recours de
cassation se présente en défense d'intérêts autres que les Droits
fondamentaux ou d'intérêts de ce type de recours, la somme minimale
estimée devra être de 600.000 euros pour pouvoir présenter le
recours.
4°
Procédures d'injonction de payer:
Et
oui, ici un aspect important est modifié et doit être tenu en
compte si vous avez lu des articles précédant sur ce blog. Avant la
quantité était limité dans les procédure d'injonction de payer
espagnoles, face aux procédures d'injonction de payer européennes
qui n'avaient pas de limites de quantité. Aujourd'hui, vous pouvez
présenter la sollicitude de procédure d'injonction de payer sans
limitation de quantité tant si la procédure est nationale que si
elle est communautaire.
5°
Taxe judiciaire à payer: Attention, tous ne doivent pas la
payer, voyons donc...
-
Les procédures civiles de famille, succession, et état civil des
personnes n'impliquent pas de taxe judiciaire!
-
Seules les entités (pas les personnes physiques!) sujetes à l'impôt
sur les Sociétés qui ne sont pas des Petites et Moyennes
Entreprises, ni des entités sans but lucratifs doivent abonner ces
taxes. En pratique seules les moyennes et grandes entreprises doivent
payer la taxe.
-
Ces taxes doivent être payées au moment de la présentation de la
demande qui intéresse.
-
La procédure d'injonction de payer pour valeur de moins de 3000
euros n'applique en aucun cas de taxe judiciaire.
Quelles
sommes cela implique?
Voyez
le tableau, retranscris de la Loi 53/2002, modifiée par la Loi
37/2011:
Procédure:
|
Verbale
90 €
|
Ordinaire
150 €
|
Injonction
de payer +3000 €
50 €
|
Chèque-lettres
90 €
|
Procédure:
|
exécution
extrajudiciaire
150 €
|
apurement
collectif dettes
150 €
|
recours
d'appel
300 €
|
cassation
600 €
|
Pour
toute question supplémentaire, n'hésitez pas à nous contacter sur
www.cabinetblogaldefense.com
Chers amis lecteurs,
RépondreSupprimerLes procédures d'injonction de payer et d'expulsion sont devenues spécialement rapides suite à la modification légale. Nous avons économisé la moitié du temps dédié dans le passé.